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Don't you Caire ?

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Don't you Caire ?
30 avril 2010

Une nouvelle adresse...

Une nouvelle adresse : www.arnaudsaintjean.com !

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19 novembre 2006

Alif : une lettre pour une nouvelle histoire

MagAlifAprès l'expérience du Petit Journal du Caire, bienvenue à Alif, le tout nouveau magazine francophone d'Egypte. Alif, c'est un hebdo en ligne à destination de tous les francophones d'Egypte et de tous ceux que l'actualité de ce pays intéresse. Sous son apparence acidulée, Alif se conçoit comme un média indépendant et rigoureux. Laïc et apolitique, Alif n'a d'autre ambition que de fournir une information accessible et variée.

Média contemporain, Alif joue la carte de l'interactivité. Articles, interviews en mp3, séquences vidéos et forum sont au programme. Nos lecteurs sont invités à réagir, commenter, critiquer.

Alif est pratique aussi. Pour ceux qui habitent l'Egypte, Alif propose un agenda culturel varié, bien en dehors des limites du Caire et imprimable dans sa version PDF.

Pour les curieux, "Alif" est la pemière lettre de l'alphabet arabe. Comme le symbole d'une nouvelle page à écrire...

28 juin 2006

Demandez le programme!

crieur_logo1Voilà, une semaine que Le Petit Journal du Caire est distribué. Pour les curieux, les absents ou ceux qui se seraient ratés à l’allumage, un petit résumé éditorial de la semaine

Mercredi 21 CULTURE – Yaccoubian, l’immeuble rétrécit à l’écran Le Petit Journal a assisté à l’avant-première du film adapté du best-seller d’Alaa El Aswany. Même édulcoré à l’écran, cette petite bombe éclabousse la société égyptienne : corruption, sexe, islamisme... un franc parler hallucinant ici.

Jeudi 22 REVUE DE PRESSE – Polémiques autour d’un drapeau

Dimanche 25 ECO – Les pays arabes créent un groupe à l’OMC Les douze pays arabes membres de l’OMC ont annoncé la création d’un groupe au sein de l’organisation internationale. Ils cherchent à augmenter leur influence lors des négociations.

Lundi 26 SOCIETE – Les Bahaïs, une communauté en mal de reconnaissance Découvrez cette communauté religieuse très peu connue et qui se bat pour exister.

Mardi 27 POLITIQUE – La Ligue arabe, institution en panne Face au projet américain d’un « grand Moyen Orient », la Ligue arabe peine toujours à offrir sa propre alternative. Une paralysie symptomatique des difficultés rencontrées par la Ligue depuis sa création et parfaitement illustrée par le cas égyptien.

Mercredi 28 CULTURE – Dans les coulisses du ballet du Caire L’unique ballet du monde arabe nous ouvre ses portes, le temps d’un pas de danse

Demain, jeudi 29 REVUE DE PRESSE – Réforme judiciaire et journalistes emprisonnés

Note : Le Petit Journal du Caire suit la semaine égyptienne, d’où sa parution du dimanche au jeudi (vendredi et samedi étant les jours fériés ici). Nous attendons vos critiques, positives comme négatives, ce journal étant le votre !

14 juin 2006

Du nouveau sous le soleil !

Un mois tout juste que ce blog sommeille. Un mois à plancher sur la création d’un nouveau journal, en français, ici en Egypte. Le compte à rebours est maintenant lancé : dans une semaine exactement, le 21 juin, Le Petit Journal du Caire sera en ligne.

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Le principe est simple : sous forme d’une newsletter gratuite, du lundi au vendredi, Le Petit Journal du Caire propose de balayer l’actualité égyptienne dans toute sa diversité, décodée par deux journalistes français installés au Caire. Economie, Politique, Culture, Société et même une revue de la presse locale, LPJ du Caire (pour les intimes) s’adresse bien sûr aux Français et francophones d’Egypte, mais aussi à tous ceux que l’actualité du pays intéresse. En plus de l'info, LPJ du Caire vous dévoilera les bons plans du Caire et du pays, les adresses sympas et la programmation culturelle.

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Comment ça marche ? Le Petit Journal est un concept qui existe depuis 2001. Déjà présent dans une quinzaine de pays, il se présente comme LE journal des Français à l’étranger. Au sein de ce réseau, chaque édition locale est gérée de façon indépendante. Pour recevoir Le Petit Journal du Caire, rendez-vous sur le site http://www.lepetitjournal.com et inscrivez-vous gratuitement – ça prend 10 secondes – en choisissant bien l’édition égyptienne (à partir du 21 juin seulement !)

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Du coup, pour l’instant, l’avenir de ce blog reste incertain. En tout cas, pour les semaines à venir. Les exercices sont différents, mais la finalité reste la même : vous faire découvrir un peu du quotidien égyptien. Alors, pour les plus assidus, rendez-vous le 21 juin.

Les illustrations sont signées Fabienne Loodts, une illustratrice belge à découvrir d'urgence!

15 mai 2006

Marchand de sable

Quartier Behoos, à Doki - le Caire – Il est environ 16h et le ciel est bleu. Dans une demi-heure, il sera orange. Déjà, un vent chaud et râpeux annonce l’arrivée du khamsin. Vent de sable qui peut durer 50 jours d’affilée (d’où son nom, khamsin signifiant « cinquante » en arabe), le khamsin est plus courant au printemps. En quelques minutes à peine, le ciel tombe sur la ville et ensable tout ce qu’il touche.

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Inutile de lutter, le khamsin s’invite partout et les grains de sable craquent sous la dent. Alors, les yeux plissés, on rentre se calfeutrer chez soi. Et l’on attend que le marchant de sable ait fini sa furieuse tournée.

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14 mai 2006

Ménage dans les minarets

img_0418Quand le gouvernement égyptien décide de lutter contre la pollution sonore, il ne s’attaque pas au trafic assourdissant, mais vise un peu plus haut : les minarets et le traditionnel appel à la prière.

Il y a quelques jours, le ministre des Affaires religieuses, Mahmoud Hamdi Zaqzouq, annonçait que le gouvernement a décidé de synchroniser l’appel des mosquées du pays. Avec l’appui du grand mufti d’Egypte, les autorités entendent ainsi mettre un terme à la « cacophonie » de milliers de muezzins, qui ont tendance à orchestrer les cinq appels quotidiens selon leur inspiration. Il n’est pas rare en effet que, dans le même quartier, un appel commence alors qu’un autre vient déjà de se finir. Un décalage multiplié par le millier de mosquées qui parsèment les rues du Caire.

     Dorénavant, l’appel à la prière partira de la mosquée El-Azhar et sera transmis – via un système d’émetteurs récepteurs – aux autres mosquées de la ville. D’ailleurs, le gouvernement aurait déjà passé commande de 4000 appareils de transmission et présélectionné 25 muezzins officiels. Une initiative relativement bien accueillie, mais qui soulève tout de même plusieurs problèmes, dont celui de la reconversion des muezzins actuels. Rien qu’au Caire, ils seraient environ 800 à gagner leur vie en appelant les fidèles. Le gouvernement leur promet déjà une reconversion en tant qu’imams. Promesse irréaliste, selon les détracteurs du projet, qui assurent que l’initiative de synchronisation relèverait davantage d’une tentative de contrôle du contenu des prêches par l’Etat.

     Reste maintenant à savoir quelle sera l’attitude des autorités vis à vis des très nombreuses mosquées et lieux de prière privés, équipés également de hauts parleurs, mais qui échappent au contrôle de l’Etat.

Exemple d'appels emmêlés: appels.mp3 (le chant des oiseaux, en fond sonore, c’est un luxe ici !)

Photo : minaret de la mosquée du Sultan Hassan, vu de la citadelle du Caire

3 mai 2006

Sale temps pour les journalistes

     A l'occasion de la journée mondiale pour la liberté de la presse, Reporters sans Frontières publie son rapport annuel sur l'état de la presse dans le monde. Selon l'organisation, l'année 2005 aurait été la pire depuis 10 ans : 65 journalistes et 5 collaborateurs tués, plus de 1300 professionnels menacés, agressés, entravés dans leur travail. A elle seule, la guerre en Irak a tué 25 journalistes, sans compter les multiples enlèvements. Au rang des plus grandes prisons à journalistes, on retrouve la Chine, Cuba, l'Erythrée, l'Ethiopie, l'Iran et la Birmanie. Nous ne sommes qu’en mai et l’année 2006 s’annonce déjà bien sombre : depuis janvier, 16 journalistes et 6 collaborateurs ont été tués, 120 journalistes et 56 cyber-dissidents emprisonnés.

     La carte ci-dessous est simple à lire : plus c'est rouge, moins il fait bon d'être journaliste...

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     En rose, l’Egypte a de quoi rougir. En mai 2005, une dizaine de femmes journalistes, qui couvraient une manifestation, ont été agressées par les forces de l’ « ordre ». Battues, déshabillées et humiliées, ces femmes n’ont toujours pas obtenu l’ouverture d’une enquête. Pas plus tard qu’il y a une semaine, le directeur de la chaîne Al-Jazira au Caire était arrêté à Dahab, juste après les attentats, pour avoir « proféré des propos à l’encontre de la sécurité et de l’unité de l’Etat égyptien »

Etat d’(éternelle) urgence

     En Egypte, les atteintes à la liberté d’expression sont institutionnalisées : depuis l’assassinat du président Sadate en 1981, la loi d’état d’urgence étouffe les droits fondamentaux. Systématiquement reconduit tous les trois ans, l’état d’urgence permet au régime – sous prétexte de maintien de la sécurité – d’anéantir tout mouvement contestataire. Les manifestations sont interdites, la police peut arrêter quiconque sans raison et les procès pour « atteinte à la sécurité de l’Etat » sont confiés à des cours militaires, sans aucun contrôle possible. Dimanche dernier, prétextant des derniers attentats de Dahab, le Premier ministre égyptien Ahmed Nazif a demandé la prolongation de l’état d’urgence. Avec plus des deux tiers des députés acquis à sa cause, la proposition ne pouvait pas être rejetée. L’état d’urgence est donc reconduit pour deux ans, ou jusqu’à ce que la nouvelle loi anti-terroriste, promise par Hosni Moubarak, ne soit rédigée. Mais le rais a prévenu : cette loi demandera au moins 18 mois de travail.

     En Egypte, les journalistes n’ont pas fini de raser les murs.

Consultez le rapport RSF 2006

1 mai 2006

Le choix de l'ouverture

Middan Tahrir – En ce début d’après-midi, en plein centre-ville, ça sent le soufre. Des dizaines de camions de l’armée stationnent le long des trottoirs. Dans leurs uniformes noirs, des militaires sont postés un peu partout, dans l’attente d’un ordre.

     Une manifestation est annoncée, mais les informations sont confuses : certains prétendent que c’est le parti nassérien qui va défiler. D’autres attendent les derniers irréductibles de Kefaya. En tout cas, l’endroit est stratégique : dans une centaine de mètres à la ronde, se regroupent les opposants les plus bruyants du pays : le syndicat des juges, en conflit ouvert avec le régime depuis les dernières élections ; celui des journalistes, à l’origine de nombreuses actions ces derniers temps ; le parti Al-Ghad, du libéral Aymane Nour, premier opposant politique de Moubarak (il était arrivé deuxième du scrutin présidentiel) et toujours emprisonné depuis décembre. Bref, endroit stratégique, mais vide : mis à part une grappe de manifestants accrochés à un balcon, aucun groupe en vue.

     Cet après-midi, le régime égyptien expose son vrai visage : à coté des soldats, même pas cachés et en rangs d’oignons, l’armée des rues attend son heure. Des dizaines de malfrats, des criminels, des hommes de basse besogne, recrutés dans les tréfonds de la société. Des analphabètes pour la plupart, armés de gourdins et de matraques, payés quelques livres pour casser du manifestant. Commandé par des colosses en costards, cette armée de zombies piaffe d’impatience à l’idée de rentrer dans le tas.

- Un coup de sifflet et tout va très vite -

     Comme des furies, sourire au lèvre, c’est la ruée vers on ne sait où. Ce qui est sûr, c’est que ça va barder. Les journalistes tentent de suivre la mêlée. Mais ils sont vite écartés et repoussés, parfois violemment. Pendant une petite heure, c’est le jeu du chat et de la souris. Les forces de l’ordre bouclent l’avenue et repoussent consciencieusement les curieux. Dans le petit groupe des journalistes, des slogans anti-régime commencent à fuser ; nouvelle charge des chiens de garde. Résignés, une dizaine de journalistes se réfugient à la terrasse d’un café éloigné. Cinq minutes plus tard, les forces de sécurité les encerclent et les virent. Cette scène absurde durera jusqu’à ce que les derniers journalistes soient partis. Ultime scène de ce cirque en plein jour : dix malabars sont restés là, à quelques mètres, pour trois journalistes, dont deux jeunes femmes... le problème, c'est qu'ici, le ridicule peut tuer.

     Voilà le visage de l’Egypte démocratique d’aujourd’hui. La réalité de ce pays, dont Jacques Chirac, en visite politico-commerciale il y a dix jours à peine, saluait – après avoir baisé la main du raïs Moubarak – « le choix de l’ouverture »

Pas de photos, forcément...

28 avril 2006

A Dahab, plus forte la vie

Dahab, golf d’Aqaba – Bienvenue au paradis. Sur un horizon éternellement bleu, l’ocre des montagnes du Sinaï se détache, avant de plonger dans un des fonds marins les plus riches de la planète. Là bas, de l’autre coté de ce golf transparent, les cotes saoudiennes tracent une ligne d'or, qui s’enflamme le soir venu.

Mises à part les façades explosées de deux magasins soufflés par les bombes, il ne reste déjà plus beaucoup de traces du triple attentat de lundi dernier. Mais ce sont les détails infimes qui sont les plus cruels : sur la balade pavée qui longe la plage, une trace de pied, marquée dans le sang, rappelle que 18 personnes sont mortes ici. Plus loin, sur le petit pont touché par l’une des bombes, l’asphalte a volé en une multitude d’éclats, preuve de la violence des explosions. Pendant que les télés du monde entier, déjà sur place, se chargent de noircir encore un peu plus le tableau, les habitants de Dahab, eux – bédouins, commerçants et touristes, main dans la main - sèment déjà le renouveau. Hommage à ce peuple de l’espoir, qui a tout de suite refusé d’abdiquer, qui n’a jamais cédé à la terreur :

     Mardi - Dès le lendemain des attaques, alors que la majorité des touristes se sont enfuis, ceux qui ont décidé de rester s’organisent : une manifestation prend forme, pour dire non à la terreur. Sans cris, sans haine, les origines se mêlent pour un message sans équivoque : le terrorisme est sans issue. Déjà, on donne les premiers coups de balai et on ressort les pots de peinture. Devant chaque magasin, les tableaux fleurissent, dessinés à la craie « All in Dahab against terror » « Terrorists have no future » « Sinai will never change, welcome to Dahab ! »

     Mercredi – Il est à peine 8h du matin et Alison, une touriste australienne, fait la tournée des bars. Avec quelques volontaires, elle distribue des tracts pour annoncer la réouverture immédiate des deux restaurants les plus touchés par les attentats. Moins de 48h après les explosions, c’est un petit miracle de logistique. Tout le monde s’y est mis, Bédouins propriétaires des lieux, commerçants et touristes. A midi, les deux terrasses ressuscitées sont combles.

   

     Jeudi – Les journalistes sont rentrés chez eux. Plus rien à filmer, les derniers débris ont disparu. Dommage, ils manqueront cette « plongée de l’espoir », organisée par une cinquantaine d’amoureux des fonds marins. Cette fois encore, les origines sont multiples, mais à l'unisson. Avant de disparaître dans les eaux cristallines, les plongeurs crient en cœur « nous ne cèderons pas ! nous ne cèderons pas ! ». Sur la berge, les applaudissements fusent. Ce soir, une grande fête est organisée dans le club à la mode de la station balnéaire. Tous les fonds seront reversés aux familles des victimes. En attendant, chacun vaque à ses tranquilles occupations. Bienvenue au Paradis.

  Reportages sur place :  Mohammed, commerçant à Dahab : T_moignageCommer_antDahab.mp3 Sebastien, touriste à Dahab : TemoignageTouristeDahab.mp3

10 avril 2006

Mouled el Nabi

dscn3075Quartier El Sayyida Zeinab – Poupées de sucre, friandises colorées et montagnes de loukoums … depuis deux semaines, la gourmandise envahit les rues du Caire. Partout, des stands provisoires s’accaparent les trottoirs. A grand renfort de musique saturée et de guirlandes lumineuses, les marchands se disputent le chaland. C’est la grande fête populaire du mouled el Nabi, l’anniversaire du prophète, que l’on célèbre aujourd’hui. Pour les Egyptiens, cet anniversaire se déroule en famille. On profite de ce jour férié pour se retrouver, manger ensemble les friandises traditionnelles. Les petits garçons reçoivent des chevaux en sucre d’orge et leurs sœurs ont le droit à des poupées en robe de mariée. Une effigie qu’il est également de bon ton d’offrir à sa fiancée.

Au sein de certains cercles d’intellectuels de l’Islam, il existe un réel débat sur la pertinence – ou non – d’une telle célébration. Les penseurs traditionalistes ne voient pas d’un bon œil cette fête trop populaire, arguant qu’elle n’existait pas aux premières heures de l’Islam. En face, les « laxistes » soulignent les sourates du coran, dans lesquelles Dieu encourage à célébrer le prophète. Des considérations qui semblent passer bien au-dessus des préoccupations de l’Egyptien de la rue, trop content d’adoucir un peu un quotidien pas toujours aisé.

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Précisions pratiques : le calendrier musulman est lunaire : il comprend 12 mois de 29 ou 30 jours, qui débutent avec le premier croissant visible après la pleine lune. Appelé hégirien en référence au départ, en 622, du prophète de la Mecque (Hégire signifie la rupture, l’exil), le calendrier musulman compte en moyenne 355 jours. Un décalage par rapport au calendrier grégorien qui fait que, chaque année, les fêtes musulmanes « avancent » d’une dizaine de jours. L’année prochaine, le mouled el nabi sera donc célébré le 1er avril.

4 avril 2006

Les fans à tics s'attaquent aux idoles

dscn2416Statues en danger – Dans son édition d’aujourd’hui, le Daily Star annonce que le grand mufti d’Egypte vient d’édicter une fatwa (avis juridique) condamnant l’exposition de statues chez soi. Ali Gomaa, tête à penser de la puissante université d’El-Azhar, fonde son offensive sur certains hadith (textes rapportant les paroles du Prophète), qui précisent que toute représentation d’êtres vivants – humains comme animaux – est haram (péché, interdit) Sans citer clairement les musées et les lieux publics, le mufti s’en est tout de même pris aux sculpteurs, qui « connaîtront les pires tourments, au moment du jour dernier », selon un hadith que Ali Gomaa a repris à son compte. Cette fatwa est censée annuler un avis contraire, édicté il y a plus de 100 ans par le mufti de l’époque, qui autorisait la possession de statues à usage privé.

Si, par définition, une fatwa n’est jamais obligatoire (elle n’est qu’une direction, un avis donné sur une question précise), celle-ci à de quoi faire sourire… jaune ou pas, c’est selon.

dscn24393D’un point de vue purement pragmatique, bien entendu, la sculpture survivra en Egypte. D’ailleurs, que resterait-il au pays, si l’on devait détruire toutes les créations que ses hommes ont façonnées depuis plus de 4000 ans ? Peut-on raisonnablement imaginer une cohorte de destructeurs écumer les milliers de temples du pays, effacer les fresques, raser le musée du Caire et faire les greniers de plus de 70 millions de personnes ? Aucun risque tangible.

Mais peut-on oublier que c’est exactement ce genre de manipulation qui fit tomber, il y a cinq ans déjà, deux bouddhas géants sculptés dans la roche afghane ? Cet assassinat culturel fut justifié par le même argument du péché de la représentation. Le « mufti » s’appelait alors Mohammed Omar. C’était un taliban.

[photos prises dans les jardins de l’opéra du Caire et au musée d’Arts Modernes]

3 avril 2006

Au milieu coule une rivière

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Découverte - Avis aux amateurs de chiffres et autres géographes en herbe : le Nil vient de connaître une poussée de croissance. Le deuxième plus grand fleuve du monde (après l’Amazone) ne mesure plus 6611 km … mais 6718 ! Croissance tardive que l’on doit à trois explorateurs – un Britannique et deux néo-Zélandais – qui assurent avoir enfin localisé la source la plus lointaine du Nil.

Si, depuis longtemps, il est admis que le Nil est fruit de la rencontre – à Khartoum (Soudan) – du Nil bleu, du Nil blanc et de la rivière éthiopienne Atbara, une pièce majeure manquait toujours au grand puzzle. Une pièce qui aujourd’hui porte un nom : Rukarara. Issue d’un trou boueux caché sur les hauteurs de la forêt Rwandaise, ce petit cours d’eau nourrit la rivière Kagera, qui alimente à son tour le lac Victoria, source principale du Nil blanc.

Derrière cette avancée scientifique, une aventure humaine à faire pâlir Indiana Jones : une expédition de plus de six mois, à remonter le fleuve, des rivages de la méditerranée aux confins de l'Afrique noire. Une expédition maintes fois tentée, notamment au XIX ème siècle. Et même si les nostalgiques regretteront l'emploi du GPS, quel bonheur, que de pouvoir écrire - encore aujourd'hui - "ils ont découvert la source du Nil" ! 

Source et plus de détails ici

30 mars 2006

Trois p’tits tours et puis prions

img_0178Dans une ancienne medersa du Caire islamique - A l’arrivée, aucune hésitation. Pas un faux pas, à peine un tressaillement. L’homme a tourné sur lui-même pendant près de 50 minutes et il semble frais. D’ailleurs, dans un instant, il sera de retour sur scène, musicien cette fois, pour accompagner en notes de nouvelles toupies humaines.

Avec leurs robes multicolores et leurs pas de danse à peine perceptibles, les derviches tourneurs invitent le spectateur à l’hallucination. Un voyage spirituel, sur fond de notes inlassablement répétées. Une aventure intérieure, jetée à la face de l’incrédule, en une gerbe de couleurs tournoyantes. Quand le derviche tourne, il communie avec son Dieu et propage sa foi, comme une fontaine arrose le promeneur, au grès du vent. Les étincelles de sa folle danse éclaire les visages. La toupie s’emballe encore et toujours, jusqu’à ne plus distinguer que quelques flammes de bonheur. Oui, car les derviches sont heureux. Ils prient dans le sourire, le chant, la musique et la joie. C’est la grâce absolue, la magie du soufisme.

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Près de six millions d’Egyptiens seraient affiliés – de près ou de loin – à une confrérie soufie. Un phénomène dont on parle peu. Parce que les confréries dérangent et attirent à la fois. Branche mystique de l’islam, le soufisme prône la communion directe avec Dieu, par la prière et la dévotion. Pour le fidèle soufi, la musique et la danse sont les moyens de transport vers le divin, l’étincelle qui allume la transe. Organisées en tariqa (confréries), les différentes écoles vénèrent un Saint. Et chaque année, elles se réunissent autour de son tombeau, pour en célébrer l’anniversaire. Ce sont les mouled, rassemblements pieux qui donnent lieu alors à de gigantesques scènes de délire collectif. Pour le promeneur de passage au Caire, un spectacle à ne manquer sous aucun prétexte.

Merci à mon papa photographe pour ces superbes couleurs...

28 mars 2006

Seule face à Lui

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18 mars 2006

Chair de poule

dscn29621Le Caire - C’est ce que tout le monde craignait ici, depuis plusieurs semaines. Précisément, depuis début février, quand les premiers cas de grippe aviaire avaient été déclarés en Egypte. Ce matin, un communiqué du Ministère égyptien de la Santé annonçait un premier de cas de transmission à l’homme du virus H5N1. Une jeune femme de la région de Qalyoubiya, au nord du Caire, est décédée ce vendredi dans un hôpital de la capitale. D’après les premiers examens médicaux, il s’agirait bien du premier cas humain de grippe aviaire en Egypte – et dans toute l’Afrique. Mais l’OMS se veut prudente : des tests complémentaires sont actuellement effectués en Grande Bretagne et les résultats ne seront connus que dans deux semaines.

Une nouvelle qui intervient alors que certains journaux égyptiens annonçaient la lente reprise du commerce des volailles, paralysé depuis plus d’un mois. En Egypte, le poulet représente un pilier essentiel de la consommation et les conséquences économiques de l’épizootie sont désastreuses. D’autant plus que les informations concernant la maladie sont très mal relayées ici. Les rumeurs alimentent la désinformation qui, à son tour, gonfle la paranoïa ambiante. Il y a quelques semaines, une rumeur extravagante avait provoqué la panique dans les rues du Caire : des poulets contaminés auraient été jetés dans le Nil, contaminant les eaux du fleuve. S’en étaient suivies des scènes hallucinantes de trafic d’eau minérale…

Alors, sans même attendre les résultats du laboratoire britannique, il est aisé de deviner ce qu’il va se passer dans les prochains jours : les poulets, les œufs et tous leurs dérivés vont disparaître des rues et des cartes des restaurants. Pendant que la presse locale en fera ses choux gras, accusant le Gouvernement de laxisme ou de manipulation – selon les tendances d’opposition – ou, autre facette de la réalité médiatique égyptienne, alimentant toujours plus le délire d’une conspiration israélo-américaine !

17 mars 2006

Sittin’ sleepin’

dscn2956Middan Tahrir – 3h du matin – Une petite centaine de manifestants occupent la principale place du centre ville du Caire. Une manifestation spontanée, sous aucune étiquette officielle, comme préambule à la grande manif de demain. Dans quelques heures, en effet, à l’appel du syndicat des juges et magistrats, une manifestation sera organisée à quelques pâtés de maisons de là. Objectif affiché : réclamer plus d’indépendance pour les juges, en ce jour où leur rapport sur le déroulement des dernières élections législatives sera rendu public. Un rapport qui – ce n’est pas une surprise – pointe de nombreuses irrégularités, entre corruption, intimidations, entraves au vote et manipulations diverses. Les juges avaient joué le rôle d’observateurs pour ce scrutin et, depuis, leur bras de fer avec le gouvernement continue. Car si la régularité des élections a toujours été remise en question, celles-ci ont tout de même été validées.

Cette nuit, les revendications dépassent la simple sphère juridique : à coté des portraits de juges dissidents, on exhibe ceux de journalistes incarcérés ou d’opposants politiques bâillonnés. Une manif « fourre-tout », pour exprimer un ras-le-bol global. Une bonne occasion aussi de faire l’inventaire des forces d’opposition en présence et, surtout, de la dynamique civile, après le relatif camouflet des dernières élections.

Fidèles à leur stratégie de tolérance de façade, les forces de sécurité laissent faire. Quoique … l’éclairage public au dessus de la place a été coupé, le gazon abondamment arrosé (pas très confortable, pour y dormir) et des hommes en civil patrouillent aux alentours… 

15 mars 2006

Photos

dscn2938Avis aux curieux – A celles et ceux qui suivent ce blog de près ou de loin, un commentaire récent m’a soufflé l’idée de ce petit rappel : les albums photos « rues du Caire » et « l’autre Egypte », évoluent régulièrement, au fil des rencontres…

9 mars 2006

Don't you ... speak arabic?

Sans nous en rendre compte, nous utilisons chaque jour des dizaines de mots arabes – ou d’origine arabe. Preuve, s’il en fallait, que l’héritage arabe est vaste, réel et qu’il perdure dans le temps. Salamalecs ? (de salam alaykum – formule de politesse) Non. Que l’on aille chez le toubib (tabib, médecin) ou dans un magasin (makhazine, dépôt), il faudra de toute façon dépenser un peu de flouze (flous, argent). A moins d’être un vrai caïd (Kaid, le chef), vivant au milieu des jupes (jubba) de son harem (de haram, interdit) et qui, avec quelques bakchichs bien servis, lancera à vos trousses ses klebs (kelb, chien) assassins (hachichiyyin – voir plus bas)…

Biensûr, il y a aussi tous ces mots dérivés de produits en provenance directe du monde arabe. Et nos étagères en sont pleines: carmin, sucre, alcool (!), orange, abricot, moka, café, épinards, riz, muscade, cumin, safran, mais aussi l’ambre, l’ouate ou la gaze. Autant de noms, autant de produits qui ont apporté une certaine douceur à notre quotidien.

Certains relèvent de l’anecdote historique.

Le jeu d’échecs, par exemple. Introduit à la cour de Charlemagne par l’émissaire d’Haroun al-Rachid, ce jeu tire directement son nom du mot shah (le roi) Et si la partie se conclue par un cinglant “échec et mat”, c’est que mout (mort) est un mot arabe encore utilisé aujourd’hui.

Les chiffres. Petit paradoxe sémantique: alors que les Occidentaux utilisent aujourd’hui les chiffres dits arabes, les Arabes, eux, utilisent les chiffres indiens. Et si nous devons le concept du zéro à cette région du monde, le mot “chiffre” tire justement son origine de sifr, qui désigne le zéro en arabe (littéralement, sifr signifie « vide »)

Les Assassins. Au XI ème siècle de notre ère, les sunnites Seldjoukides règnent sur le monde arabo-musulman. Une hégémonie violemment contestée par les chiites ismaéliens, fortement discriminés par ces nouveaux conquérants turcs. Fondée par Hassan as Sabbah, la secte des hachichiyyin va terroriser, pendant des années, les califes, sultans et autres vizirs de la région. En 1090, Hassan as Sabbah et ses adeptes s’emparent de la forteresse d’Alamout, sur un des sommets imprenables des monts Elbrouz, près de la mer Caspienne. De leur nid d’aigle, ces extrémistes chiites lancent leurs assauts contre les dirigeants et les dignitaires de l’époque. Leur mode opératoire est d’une cruelle simplicité : endoctriné et très certainement drogué, un assassin solitaire est envoyé dans la cour du dignitaire visé et le poignarde. Ce sont peut-être les premiers attentats suicides, l’agresseur étant certain de ne pas pouvoir s’échapper. Certes, la secte des hachichiyyin a disparu depuis longtemps, mais le mot « assassin », lui, est resté.

Des centaines de mots arabes que l'on utilise tous les jours, sur ce site

23 février 2006

Villes fantômes

dscn2383El-Arish - Etrange endroit, que cette station balnéaire du Nord Sinaï, située sur la cote méditerranéenne – entre Alexandrie et Rafah – à 50 kilomètres environ de la frontière avec les territoires palestiniens.

Boudée par les touristes étrangers, qui lui préfèrent les plages de la mer Rouge, El-Arish attire surtout les vacanciers locaux, familles égyptiennes qui viennent y chercher un peu de fraîcheur, quand l’été se fait assommant. Mais en ce mois de février, la station balnéaire fait figure de ville abandonnée. Les rues sont vides, les hôtels sonnent creux et, le long de la corniche qui borde la méditerranée, les pavillons gardent leurs volets fermés.

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Plus à l’Est, à quelques kilomètres de là, une autre ville fantôme : Rafah.  Comme Berlin à une autre époque, Rafah a la triste particularité d’être coupée en deux, mutilée par un mur de séparation hideux. De Rafah l’égyptienne, on ne fait que deviner les toits de sa siamoise palestinienne. Derrière les barbelés, un mur criblé de balles rappelle que quelques mètres seulement nous séparent d’un des endroits les plus tendus de la planète : la bande de Gaza et ses camps de fortune.

Et malgré sa palette d’ocres, le coucher de soleil sur la plage d’El-Arish a bien du mal à égayer l’endroit.

13 février 2006

S’injecter du rêve

dscn2179Le Caire - CocaCola l'a choisie comme effigie, forçant son grand rival Pepsi à explorer à son tour le vivier des bimbos libanaises. L'offre ne manque pas, le marché en est saturé.

Rien de plus qu'une Britney Spears orientale, peut-être. Mais illustration dansante des paradoxes d'une société qui aime à fantasmer sur ses propres interdits. Là où les femmes sont priées de cacher ces corps que l'on ne saurait imaginer, l'érotisme à peine suggéré s'affiche en musique ; et on se délecte du spectacle, en famille, à l'heure du repas. Comme une injection de paillettes. Du Yémen au Maroc, en passant par le Liban et l'Egypte, Nancy Ajram affole les ondes du monde arabe. Ses clips inondent les chaînes câblées du proche Orient, ses concerts créent l'émeute et les publicitaires s'arrachent son sourire. En plein cœur du Caire, la belle est partout. Panneaux publicitaires géants accrochés aux immeubles, cannettes de soda et t-shirts dans le souk, « Nancy » - comme disent ses fans - étale son hégémonie.

Et que chante-t-elle, la belle ? L’amour, évidemment. Ah … schizophrénie, quand tu nous tiens ! Ici, les mariages restent trop souvent l’affaire des parents, les idylles adolescentes sont clandestines et on en viendrait à s’attendrir quand un jeune couple se prend furtivement la main sur un des ces grands ponts qui enjambent le Nil – hauts lieux des rendez-vous galants ici – le dos tourné à la six voies, les yeux perdus dans la masse des buildings en bord de fleuve. Dans l’univers qui vît naître la belle Shéhérazade, l’amour et l’érotisme n’appartiennent-ils plus qu’aux rêves ? NancyExtrait.mp3

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