Don't you ... speak arabic?
Sans nous en rendre compte, nous utilisons chaque jour des dizaines de mots arabes – ou d’origine arabe. Preuve, s’il en fallait, que l’héritage arabe est vaste, réel et qu’il perdure dans le temps. Salamalecs ? (de salam alaykum – formule de politesse) Non. Que l’on aille chez le toubib (tabib, médecin) ou dans un magasin (makhazine, dépôt), il faudra de toute façon dépenser un peu de flouze (flous, argent). A moins d’être un vrai caïd (Kaid, le chef), vivant au milieu des jupes (jubba) de son harem (de haram, interdit) et qui, avec quelques bakchichs bien servis, lancera à vos trousses ses klebs (kelb, chien) assassins (hachichiyyin – voir plus bas)…
Biensûr, il y a aussi tous ces mots dérivés de produits en provenance directe du monde arabe. Et nos étagères en sont pleines: carmin, sucre, alcool (!), orange, abricot, moka, café, épinards, riz, muscade, cumin, safran, mais aussi l’ambre, l’ouate ou la gaze. Autant de noms, autant de produits qui ont apporté une certaine douceur à notre quotidien.
Certains relèvent de l’anecdote historique.
Le jeu d’échecs, par exemple. Introduit à la cour de Charlemagne par l’émissaire d’Haroun al-Rachid, ce jeu tire directement son nom du mot shah (le roi) Et si la partie se conclue par un cinglant “échec et mat”, c’est que mout (mort) est un mot arabe encore utilisé aujourd’hui.
Les chiffres. Petit paradoxe sémantique: alors que les Occidentaux utilisent aujourd’hui les chiffres dits arabes, les Arabes, eux, utilisent les chiffres indiens. Et si nous devons le concept du zéro à cette région du monde, le mot “chiffre” tire justement son origine de sifr, qui désigne le zéro en arabe (littéralement, sifr signifie « vide »)
Les Assassins. Au XI ème siècle de notre ère, les sunnites Seldjoukides règnent sur le monde arabo-musulman. Une hégémonie violemment contestée par les chiites ismaéliens, fortement discriminés par ces nouveaux conquérants turcs. Fondée par Hassan as Sabbah, la secte des hachichiyyin va terroriser, pendant des années, les califes, sultans et autres vizirs de la région. En 1090, Hassan as Sabbah et ses adeptes s’emparent de la forteresse d’Alamout, sur un des sommets imprenables des monts Elbrouz, près de la mer Caspienne. De leur nid d’aigle, ces extrémistes chiites lancent leurs assauts contre les dirigeants et les dignitaires de l’époque. Leur mode opératoire est d’une cruelle simplicité : endoctriné et très certainement drogué, un assassin solitaire est envoyé dans la cour du dignitaire visé et le poignarde. Ce sont peut-être les premiers attentats suicides, l’agresseur étant certain de ne pas pouvoir s’échapper. Certes, la secte des hachichiyyin a disparu depuis longtemps, mais le mot « assassin », lui, est resté.
Des centaines de mots arabes que l'on utilise tous les jours, sur ce site